« Comment la joie peut-elle éclater au sein de la tribulation et pouvons-nous, aujourd’hui, dans ce monde déchiré, nous livrer à la joie, l’hommage le plus essentiel de notre foi en réponse à la tendresse de Dieu ? C’est que derrière l’épreuve il y a l’Amour.
Que veut dire le signe de la Croix sinon que Dieu meurt d’amour pour ceux-là même qui refusent de l’aimer, qu’au fond de toute réalité, derrière toutes les catastrophes, il y a l’Amour, et davantage, que dans le mal, Dieu a mal.
La réponse chrétienne, c’est d’abord de montrer que le mal est infini, que, pour le comprendre, il faut lui donner des dimensions proprement divines. Le mal est finalement le mal de Dieu. Mais si c’est Dieu qui a mal, au coeur du mal, il y a donc cet Amour qui ne cessera jamais de nous accompagner. Davantage, il sera frappé avant nous, en nous et pour nous.
Cela apparaît possible dès que l’on se souvient de l’amour des mères. Une mère en pleine santé peut vivre la maladie de son enfant plus douloureusement que lui-même, en raison même de cette identification d’amour dont son amour est capable. Comment voulez-vous que l’amour de Dieu soit moins maternel ?
C’est pourquoi aucun être n’est frappé sans que Dieu le soit en lui, avant lui, plus que lui et pour lui. Mais si le mal a cette dimension, alors il y a une blessure divine qui ne cesse de solliciter notre générosité ».
In : Dieu, première victime du mal, Lausanne, 1963