pour le 10 juillet 2021
Thème : Jésus-Christ, corps mystique de l’humanité
Citations de M. Zundel
- Le Christ est venu pour nous conduire à l’identification avec Dieu, à cette suprême grandeur qui est jointe à la suprême humilité. (MZ Cit P.Debains-61)
- Connaître Dieu, ce n’est pas se creuser la tête, c’est le rencontrer parce qu’il est né de notre cœur au cœur même de notre travail. (MZ Cit P.Debains-184)
- C’est dans la mesure où nous assimilons l’Humanité de Notre Seigneur et où nous entrons en contact vivant avec elle, que cette Humanité nous envahit et nous purifie de nous-mêmes .Elle nous établit dans l’état de grâce mais seulement dans la mesure où nous sommes vidés de nous-mêmes. (MZ Cit P.Debains-113)
Texte de M. ZUNDEL Jésus-Christ, corps mystique de l’humanité
Extraits d’une l’homélie donnée par Maurice Zundel le jour de Noël 1965
Il faut que j’évoque ce champ de fouilles de Byblos, au Liban, … dans ce site incomparable, il y a un cimetière qui date de 3.500 avant Jésus-Christ où des squelettes sont enfermés dans des jarres…
Devant une outre éventrée où le squelette apparaissait dans une position d’attente et d’espérance, je me demandais quel lien y a-t-il ? …Quel lien entre ces hommes et moi ? …
Et voilà ce que je demandais à Byblos. Quel est ce lien ? Qui fait le lien entre ce squelette et moi-même, entre l’époque chalcolithique et l’époque d’aujourd’hui, entre ces milliards anonymes qui n’ont pas laissé de traces et nous-mêmes ?
Si nous constituons tous une même histoire, s’il y a vraiment une humanité qui est portée par un seul dessein, ce n’est pas moi qui en constitue l’unité, ce n’est pas vous, ce n’est pas nous. Qui est-ce donc ? …
Et alors je pensais spontanément à cette figure du second Adam que nous trace saint Paul : Jésus-Christ, le second Adam. C’est-à-dire celui qui recommence, celui qui récapitule, celui qui tient toute la chaîne, qui la porte, qui lui confère, qui lui donne son unité : Jésus-Christ.
Non pas un homme seulement, mais l’Homme, – l’Homme qui contient tous les autres, – l’Homme qui est intérieur à chacun de nous, – l’Homme qui peut vivre notre vie comme la sienne…
Mais, si Jésus-Christ est cela, si Jésus-Christ est le second Adam, si Jésus-Christ triomphe de l’espace du dedans, si Jésus-Christ nous permet d’être contemporains, si Jésus-Christ nous apprend à aimer tous ceux qui étaient devant nous, avant nous et ceux qui viendront après nous et à les considérer comme de notre famille et de communier avec eux au Banquet de l’Eucharistie… Qui est Jésus-Christ ?
Comment cela est-il possible ?
Comment un homme peut-il être l’Homme, comment un homme peut-il contenir tous les autres ? Il faut pour qu’on lui appartienne tous, il faut qu’il contienne toute l’histoire, qu’il la porte et qu’il lui donne un sens, qu’il vive en lui, un vide, un vide, un vide infini… il faut qu’il ait fait de lui-même ou qu’il soit constitué dès son origine, comme un espace, un espace immense, un espace illimité, un espace où chacun peut être accueilli, comme chez lui. …
Il introduit la Présence de la pauvreté. Non pas seulement la pauvreté matérielle qu’il faut surmonter- il faudra bien un jour l’éliminer de la terre – mais d’une Pauvreté plus profonde, celle qu’il a béatifiée dans la première béatitude : » Bienheureux ceux qui ont une âme de pauvre » (Mt. 5, 3). C’est cette pauvreté-là qu’il apporte. Il n’a rien. S’il peut nous conduire tous ensemble et chacun personnellement, c’est qu’il est complètement désapproprié de lui-même….
Si déjà, il était si difficile de porter un seul être toujours et continuellement, comment était-il possible que Jésus-Christ ait pu porter tous les milliards d’hommes du commencement du monde à la fin ? C’est qu’évidemment le vide en lui était réellement infini. Et comment et pourquoi ce vide était-il infini ? C’est que justement en Jésus-Christ se révélait la divinité du Verbe, la divinité en personne qui est une éternelle Pauvreté. …
En Jésus éclate cette nuit le règne de la divine Pauvreté et nous apprenons à travers l’humanité de Jésus-Christ, nous apprenons que le Dieu qu’il annonce, qu’il incarne, le Dieu qu’il communique, le Dieu auquel il nous initie et dont il va nous dire qu’il est la vie et notre vie…
Évangile selon Jean chap. 8, 42-43 et 47-58
42 Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car moi, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même ; c’est lui qui m’a envoyé.
43 Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? – C’est que vous n’êtes pas capables d’entendre ma parole.
…
47 Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Et vous, si vous n’écoutez pas, c’est que vous n’êtes pas de Dieu. »
48 Les Juifs répliquèrent : « N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon ? »
49 Jésus répondit : « Non, je n’ai pas de démon. Au contraire, j’honore mon Père, et vous, vous refusez de m’honorer.
50 Ce n’est pas moi qui recherche ma gloire, il y en a un qui la recherche, et qui juge.
51 Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. »
52 Les Juifs lui dirent : « Maintenant nous savons bien que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi, tu dis : “Si quelqu’un garde ma parole, il ne connaîtra jamais la mort.”
53 Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? Il est mort, et les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ? »
54 Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : “Il est notre Dieu”,
55 alors que vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais et, si je dis que je ne le connais pas, je serai comme vous, un menteur. Mais je le connais, et sa parole, je la garde.
56 Abraham votre père a exulté, sachant qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu, et il s’est réjoui. »
57 Les Juifs lui dirent alors : « Toi qui n’as pas encore cinquante ans, tu as vu Abraham ! »
58 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. »
59 Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple.
Prière de Maurice Zundel (formant le dernier paragraphe de son homélie ci-dessus)
Seigneur vous venez, c’est vrai ! Seigneur, vous êtes là ! Seigneur me voici, je vous attendais. Je ne savais qui vous étiez, mais maintenant, je reconnais votre visage. Seigneur, prenez-nous ! Seigneur, entraînez-nous ! Seigneur, faites que nous tous ensemble devenions une humanité enfin humaine, et que sans bruit, dans la vérité, dans l’authenticité de chacune de nos journées, nous apportions à tous nos frères humains, la lumière adorable de votre visage, Seigneur, ce visage imprimé dans nos cœurs, ce visage que nous attendions, le visage après lequel soupirait toute la terre, le visage de l’éternel Amour.