Extraits de l’homélie prononcée le 9 juin 1961, fête du Sacré Cœur,
pour une Messe d’adieux, au Carmel de Matarieh
Sentier mystique Maurice Zundel
Sanctuaire du Sacré-Coeur de Beauvoir à Sherbrook, Qc
«Justement, la plupart du temps, la vie s’applique simplement à tuer la vie, la vie s’applique à tuer la vie… Que de maladies, que de souffrances, que de désespoirs, que de solitudes dans la proximité matérielle la plus étroite. On vit les uns à côté des autres, mais on est à une distance infinie les uns des autres. Chacun est enfermé en soi, chacun veut se venger sur les autres de toutes les souffrances qu’il éprouve dans sa propre prison, chacun déploie du ressentiment dans le milieu ambiant, chacun colore son attitude de tous ses refoulements et de toutes ses passions inaccomplies et de tous ses désirs frustrés. Chacun tue la chose qu’il croit aimer et c’est pourquoi la vie, la vie se consume sans rien produire, sans rien créer jusqu’au moment où la mort intervient et on pleure, vainement d’ailleurs, une vie qu’on n’a pas su combler, une existence que l’on n’a pas contribué à faire mûrir, alors que c’est trop tard et qu’il aurait fallu s’y prendre avant.
Mais justement, nous ne savons pas vivre. L’art de vivre est la chose la plus inconnue, et sans doute la plus difficile. Nous ne savons pas vivre, nous consumons la vie en la perdant, au lieu de la consommer en la créant. »
(…)
« Et justement, aujourd’hui, nous avons la chance que la seule action qui compte est une action de présence. Tout ce que nous faisons est presque toujours vain, il faudrait d’ailleurs sans cesse le recommencer. Tout ce que nous faisons, d’autres pourraient le faire à notre place, tout aussi bien des machines d’ailleurs, celles-ci sont nos supérieures souvent, d’une manière très utile et très efficace. »
(…)
« Et justement, aujourd’hui, le sens de cette fête, qui est la fête du Sacré-Cœur, (…) : il n’y a qu’une vie authentique, il n’y a qu’une action efficace, c’est le rayonnement d’une présence vraiment telle. Chacun d’entre nous est un mystère infini et, pour atteindre ce mystère, il n’y a que ce dialogue qui va de l’âme à l’âme, du cœur au cœur, de la personne à la personne, qui soit valable. »
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« Nous avons tous un pouvoir infini, (…)le même pouvoir que tous les mystiques inconnus qui sont les véritables colonnes de l’église de l’humanité ; nous avons tous le même pouvoir de nous donner silencieusement à Dieu à travers les hommes et, sans rien dire, sans prétendre ni prêcher, ni convertir personne, nous pouvons être les témoins de l’Évangile qui est la Bonne Nouvelle de la lumière et de l’Amour. »
(—)
« Il est temps de commencer aujourd’hui(…) Ce que nous attendons, les autres l’attendent, tous les autres l’attendent ! N’importe qui, quels que soient son costume, sa fonction, sa religion, sa nation ou la couleur de sa peau, n’importe qui porte en lui ce cri d’une humanité déchirée qui ne s’est pas accomplie, qui ne sait pas dans quelle direction s’accomplir et qui ne peut en effet s’accomplir que selon les voies tracées par l’Évangile, c’est-à-dire par cette présence d’amour, par ce don silencieux que Jésus accomplissait de tout son être et ne cesse d’accomplir à l’éternel Lavement des pieds. »
(…)
« En nous enfonçant dans le silence de cette action qui va nous conduire au cœur même de Jésus-Christ, demandons cette grâce que tout commence aujourd’hui, que notre vie s’éternise comme un présent donné et qu’il n’y ait plus de retour sur nous, sur notre passé, plus de regrets des choses qui ne sont plus, mais cette décision ferme et inébranlable de faire de notre vie un chef-d’œuvre de lumière et d’amour comme Thérèse et comme François, en étant simplement là, au milieu des hommes, au milieu de notre famille, de notre bureau, de notre atelier, de notre nation, d’être simplement là comme une présence qui atteste la sienne et qui porte la lumière et le sourire de son Amour. »
Évangile Luc 10, 38-42
38 Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.
39 Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
40 Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
41 Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.
42 Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
Questions
En quoi cette homélie vient-elle interpeller notre monde en 2021 ?
Qu’évoque pour vous personnellement l’homélie de Zundel ?elle personnellement ?
À quelles adaptations vous invite-t-elle ?
Origines (internet)
La solennité du Sacré-Cœur tire son origine dans les apparitions et les révélations du Christ à sainte Marguerite – Marie Alacoque (1647-1690), béatifiée en 1864 par Pie IX et canonisée en 1920 par Benoît XV.
Le 27 décembre 1673, la religieuse française reçoit la visite du Seigneur Jésus, qui, tout en lui montrant son cœur brûlant, lui adresse les paroles suivantes : « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes ».