SEIGNEUR, JE CHERCHE TON VISAGE. (Ps 27, 8)

 Maurice Zundel

Londres, décembre 1929

Fais-nous un Dieu qui marche devant nous. (Ex.31/I) : Le cri des Hébreux dans le désert, le cri éternel de l’homme.

Il n’y a que Dieu qui puisse nous remplir, mais il n’y a que l’homme que nous puissions voir. C’est pourquoi, sans cesse, glisse vers l’homme l’élan qui nous entraîne vers Dieu.

Il n’y a qu’un remède à cette situation, c’est la vie sacramentelle de l’Église, qui doit se réaliser en nous. Que chacun de nous apparaisse à ses frères comme le signe vivant de la Présence divine, comme un carrefour où s’accomplissent les échanges de lumière, comme une hostie qui rayonne de lui.

Alors l’amour qu’on aura pour nous ira plus haut que nous et Dieu sera le lien vivant, éternel de toutes nos tendresses. Alors nous connaîtrons toute la joie d’aimer.

Mais ce ne sera qu’après cette mystérieuse transsubstantiation qui change le pain au Corps du Seigneur. Car nous ne pourrons vraiment le donner aux autres qu’en étant transformée en lui.

Et le don de toute notre vie est requis à cet effet.

Nous croyons avoir une immense faim d’aimer, mais la faim de Dieu est plus grande que la nôtre. Et c’est seulement pour dilater notre Amour à la mesure du sien, qu’il semble parfois briser nos cœurs.

Seigneur dit le Psalmiste, je cherche ton visage.

Quelle prière convient mieux à notre faiblesse, quel cri exprime mieux nos rêves ?

Et quel plus merveilleux programme que de ranimer en nous, et de susciter dans nos frères, les traits du visage divin et d’illuminer nos regards du rayonnement de la lumière éternelle.

Vous avez été rachetés d’un grand prix, dit saint Paul, glorifiez et portez Dieu dans votre corps.  (1 Co 6, 20)

Frère Benoît (Maurice Zundel)