COMME JESUS, AVEC LUI, SUSCITER EN CHACUN CE QU’IL A DE MEILLEUR

 

Maurice Zundel

Londres, novembre 1929

Le triomphe de la grâce, l’apogée de la surnature, c’est de nous rendre parfaitement naturels.

Un Chrétien est un être qui ne pose pas. Pose, signifie artifice, plaqué, mensonge.

Un Chrétien est vrai, un Chrétien hait par-dessus tout le mensonge. Un Chrétien ne pose ni pour le bien, ni pour le mal. Il n’a la coquetterie ni de ses vertus, ni de ses défauts : aussi éloigné de cette fausse sincérité qui éprouve le besoin orgueilleux de s’humilier en public, que de cette amère vulgarité qui prétend se donner comme elle est.

Ayant sa Mesure en Dieu, qui lui, demeure toujours présent, s’ajustant à ce regard qui le juge avec vérité, prenant ses distances en face de cette immense majesté, délivré par elle de toute appréciation humaine, de toute vaine gloire et de toute orgueilleuse timidité, et rassuré en même temps par l’Amour qui peut sans cesse lui donner ce qui lui manque et dont le voisinage imprime à tout son être une intime harmonie.

Un Chrétien sait se donner à ses frères, avec tant d’Amour et tant de respect, avec tant d’intimité et tout ensemble avec tant de recul, qu’il les laisse toujours libres de soi, et qu’il réussit parfois à les délivrer d’eux-mêmes, suscitant en eux ce qu’ils ont de meilleur, pour qu’eux-mêmes s’harmonisent, à leur tour, dans cette glorieuse liberté des enfants de Dieu.

Le Christ hostie apparaît, ici, comme l’idéal inexprimable de ces relations humaines établies selon l’Esprit : Si proche et si discret, si pressant et si patient, si saint et si miséricordieux, si avide de notre amour et si respectueux de notre liberté.

Qu’Il nous donne d’être pour nos frères, un pain vivant, et qu’ils ne nous quittent jamais sans s’être nourris de lui.

Frère Benoît (Maurice Zundel)