NOUS  SOMMES  LE  CHRIST  DES AUTRES 

Maurice Zundel
Extrait de la retraite aux religieuses de l’Oeuvre Saint-Augustin,
à Saint Maurice (Valais), en Suisse, en 1953
Publiée dans Avec Dieu dans le quotidien, Éd. Saint-Augustin
 

Vous savez qu’en Égypte les coptes représentent l’élément chrétien et que, sur vingt millions d’habitants, il y a un million et demi de coptes. Ils savent qu’ils sont chrétiens. Ils savent qu’ils ne sont pas musulmans. Ils ont gardé la foi, alors que leur intérêt aurait été de se faire musulmans. Ils sont, à leur manière, les témoins du Christ. Mais souvent, ils ne savent rien d’autre sinon qu’ils sont chrétiens et pas musulmans. Ils peuvent même être si ignorants, qu’ils ne savent pas même qui est Jésus-Christ.
Des jeunes gens de l’Action catholique, qui étaient dans un village copte, demandaient à un jeune homme :  » Est-ce que tu connais Jésus-Christ ? « Il leur répondit :  » Je ne suis pas de ce village, demandez au maître. »

Et nous-mêmes, connaissons-nous Jésus-Christ ? Cette question, notre Seigneur la posait à ses Apôtres :  » Qui dit-on que je suis ? « – Vous vous rappelez la réponse de saint Pierre : Tu es le Christ, c’est-à-dire : tu es le Messie, tu es celui qu’on attend, celui que tout le peuple d’Israël appelle. Et notre Seigneur a glorifié la foi de Pierre et pourtant, aussitôt après – car notre Seigneur ne se fait pas d’illusions – il annonçait sa Passion : c’est comme cela qu’il serait le Messie, et non par un miracle qui ferait tomber à terre tous les ennemis d’Israël. Et Pierre le tire à part : cette Passion, cela ne peut pas être, cela ne doit pas être. Et Jésus de lui répondre :  » Retire-toi de moi, Satan, car tu as les pensées des hommes et non celles de Dieu « (Cf. Mt 16, 23)  A peine l’Apôtre a-t-il confessé Jésus, qu’il propose à Jésus le même programme que le Tentateur qui l’invitait au miracle et qui le détournait de la souffrance !

Qu’est-ce que les Apôtres ont compris de Jésus ? Qu’est-ce qu’ils peuvent nous dire de Jésus ? Que savons-nous de Jésus ? Jésus lui-même a dit :  » On ne peut pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres « (Cf. Luc 5, 38)  » J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter « . (Cf. Jn 16, 12)

Alors, comment notre Seigneur a-t-il dit ce qu’il avait à dire, puisque ses Apôtres ne pouvaient le porter ? Au fond, Jésus-Christ, on ne le connaîtra que dans le mystère de l’Eglise. C’est le jour de la Pentecôte que les Apôtres découvrent Jésus-Christ, et que découvrent-ils ? Ils découvrent que Jésus-Christ est au centre de leur vie. Ils découvrent que Jésus est pour eux exactement ce que Dieu a toujours été pour eux. Et c’est là le grand mystère de la Pentecôte, que ces Juifs – les Apôtres sont Juifs – qui ne connaissaient rien à la Trinité, ont compris sans aucune hésitation que Jésus était au centre de leurs prophéties, que Jésus était leur vie et que, sans être idolâtres, ils pouvaient vivre en Jésus, comme ils avaient désiré vivre en Dieu.

Et comment cela est-il possible ? C’est là, entre Juifs et chrétiens, entre musulmans et chrétiens, le débat éternel :  » Comment pouvez-vous adorer un homme qui a vécu comme nous, sans être idolâtres ? »

Et c’est là le fond de la pensée musulmane. Quoique les musulmans respectent beaucoup Jésus en tant que prophète, ils ne peuvent pas admettre cette adoration.

Comment situer Jésus-Christ dans notre vie intérieure, comment penser Jésus-Christ en face de Dieu ? Vous noterez d’abord que Dieu, le vrai Dieu, est intérieur à nous-même.

L’erreur des musulmans et l’erreur des Juifs, c’est justement de loger Dieu dans un ciel, un ciel tellement lointain qu’il n’a plus aucun rapport avec nous. Evidemment, cela paraît fou de penser que le Dieu, qui trône sur les cieux, vient se promener sur la terre – et il n’existe pas. Dieu ne trône pas au-dessus des étoiles. Le trône de Dieu, c’est le ciel véritable, et il est au-dedans de nous.

C’est ce que dit saint Jean :  » II était dans le monde et le monde ne l’a pas connu « . (Jn 1, 10) Et il ne faut pas chercher Dieu là-bas : il faut le chercher au-dedans de nous. Dieu n’a jamais cessé d’être présent au plus intime de l’âme humaine.

L’Incarnation, ce n’est donc pas que Dieu descend sur une terre où il n’était pas, puisqu’il y était déjà. L’Incarnation, c’est qu’une humanité devient présente à Dieu, un Dieu éternellement présent. C’est l’homme qui était absent, et pas Dieu qui n’était pas présent.

Où prenez-vous Dieu ? Où le prenez-vous ? Nous avons si souvent évoqué le visage du Père Kolbe. Pourquoi ? Parce qu’il est impossible de trouver Dieu, ailleurs que d’ans une vie d’homme. C’est justement à travers une âme d’homme que Dieu se révèle. II est impossible de connaître Jésus-Christ autrement qu’à travers cette transparence d’une humanité qui en est le signe vivant. Il est tout naturel de nous adresser à un être humain, à une conscience humaine pour lui demander de nous conduire à Dieu. C’est ce que nous faisons tous, toujours et partout.

Mais pourquoi Jésus-Christ a-t-il cette place unique ? Pourquoi Jésus n’est-il pas simplement un prophète ? Pourquoi les Apôtres, sans même se poser la question, sans que cela soulève la moindre difficulté, ont-ils adoré Jésus ? Adoré, c’est-à-dire considéré comme le centre de leur vie celui avec lequel ils avaient vécu, mangé et bu ? C’est qu’il y a dans l’humanité de Jésus une transparence infinie. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Nous savons très bien – nous-mêmes nous l’avons remarqué mille et mille fois – nous savons très bien que nous n’existons vraiment que quand nous cessons d’être esclaves de notre tempérament, de notre droit. Nous cessons d’être esclaves dans la mesure où nous sommes perdus en Dieu.

Quand nous ne sommes plus qu’un regard vers Dieu, alors ça va : nous pouvons communiquer aux autres pour un moment le sourire de la bonté divine. Nous ne sommes vraiment des personnes que dans la mesure où nous sommes suspendus à Dieu et le mot de Rimbaud :  » Je est un autre « est bien cela : notre vrai moi est en Dieu. Notre véritable liberté, c’est Dieu, et nous devenons vraiment un homme, une créature, dans la mesure où nous sommes réellement en relation avec Dieu.

Seulement, je ne suis cela que momentanément. Il est rare que l’on soit dans cet état de transparence à Dieu qui fasse de nous le sacrement de sa présence. Nous essayons, nous recommençons. Mais nous ne sommes pas continuellement dans cet état de dépouillement parfait qui lui permet de transparaître toujours.

Les saints, avec une continuité beaucoup plus grande, laissent Dieu transparaître en eux ; et cependant les saints n’ont jamais fini ce travail de libération et ils sont les premiers à dire qu’ils n’ont jamais fini de se purifier de leurs limites et de leurs frontières et, eux aussi, les saints, bien plus que nous, sont suspendus à Dieu et ont leur moi en Dieu.

L’humanité de notre Seigneur, cette créature qui a été conçue par l’opération du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie, n’a plus aucune adhérence à elle-même, et c’est là la différence entre son humanité et la nôtre. Elle est continuellement une relation vivante à Dieu.

Lorsque je parle aux enfants, j’emploie souvent cette. image, l’image de l’aimant. Quand vous prenez un aimant et que vous l’appliquez à une certaine distance, que vous le faites mouvoir au-dessus d’une feuille de papier sur laquelle vous avez mis de la limaille de fer, la limaille obéit à votre mouvement, si l’aimant n’est pas trop éloigné de la feuille de papier, et vous pouvez dessiner, en promenant l’aimant sur la feuille, les dessins que vous voulez. Mais vous savez que si vous collez l’aimant à la limaille de fer, elle adhérera à l’aimant et elle viendra avec lui.

L’attrait de Dieu, c’est comme un aimant, une aimantation. Nous commençons à exister, à être libres, à être des personnes quand nous répondons à cette aimantation divine ; alors nous commençons à être des saints. Pour les saints, l’aimantation est plus proche, ils sont plus continuellement suspendus à l’aimant. Et nous sentons très bien dans l’humanité de Jésus qu’entre elle et l’aimant, il n’y a plus de distance.

Elle n’échappe plus à l’attrait de la grâce. Elle est jetée en Dieu avec un élan qui est Dieu. Elle est portée, soulevée par l’aimant.

En Jésus-Christ, il y a un dépouillement absolu de toute adhésion à soi-même. Si vous voulez, du côté de son humanité, Jésus, c’est l’homme qui a perdu son moi. Il n’y en a plus. Il n’y a plus possibilité pour lui d’adhérer à soi, d’opposer soi à Dieu, parce qu’il est entièrement aimanté, perdu en la divinité et jeté en Dieu par cet aimant qui est Dieu, parce qu’en Dieu chaque Personne est un élan vers l’autre.

Cela veut dire que le mystère de Jésus est un mystère de pauvreté, de dépouillement infini, et qu’il répond à une pauvreté qui est Dieu.

Si Dieu ne passe pas par nous, bien qu’il soit en nous comme il est dans le Christ – c’est le même Dieu qui est toujours totalement lui-même, le même Dieu dans notre âme et dans celle de Jésus, le même Dieu, le même Dieu que dans les saints – si ce Dieu, en nous, ne resplendit pas, c’est qu’il y a en nous une adhérence à nous-même qui empêche cette infinie charité, cette infinie pauvreté, de luire à travers.
Nous serions le Christ lui-même si nous étions dans cet état de pauvreté absolue, totale, unique dans lequel se trouve l’humanité de notre Seigneur, cette humanité qui est entièrement dépouillée d’elle-même, qui n’est plus qu’une relation vivante à Dieu, qui ne peut plus témoigner d’elle-même et qui témoigne de Dieu, dont chaque geste, chaque parole, dont la présence tout entière est le témoignage de la divinité.

Il me semble bon que nous voyions la divinité de notre Seigneur. C’est l’éternelle divinité, mais qui resplendit et se communique dans une humanité sacrement entièrement transparente, infiniment ouverte, qui ne peut plus arrêter la lumière de Dieu mais qui la laisse passer tout entière.

Nous avons, là, la suprême révélation universelle, définitive, non pas dans les mots, mais dans la présence de Jésus-Christ.

II ne faut donc pas mettre en quelque sorte le mystère de Jésus dans une espèce de stratosphère, je veux dire le faire sortir entièrement de l’horizon de notre vie spirituelle. Nous sommes tous en marche vers ce point infini où se trouve le Christ. Pour nous aussi, la vie vraie, c’est le dépouillement, la transparence, c’est de répondre à l’aimantation de l’amour divin, c’est d’être suspendus à Dieu, d’être Dieu. Nous sommes bien en route vers cette divinisation, c’est bien ce que nous reconnaissons comme le suprême bienfait.

Mais justement, chez nous, c’est intermittent, cela vient, puis cela passe. Nous retombons et nous recommençons, ce n’est jamais achevé. II y a toujours en nous quelque chose qui nous ramène à un centre qui n’est pas Dieu.

Mais il reste que nous sommes tendus vers ce dépouillement, vers cette union totale, vers cette entière expropriation de notre moi, cette union qu’on appelle dans le Christ  » hypostatique », c’est-à-dire qu’elle est en plénitude. Au fond, l’homme idéal, l’homme parfait, la personnalité pleine, c’est Jésus-Christ, et nous tous ne serons pleinement des personnes que dans la personne de Jésus.

Si l’humanité de Jésus a reçu cette grâce, si en Jésus-Christ la grâce a été jusqu’aux racines de l’humanité, c’est que l’humanité de Jésus était appelée à être le centre de toute l’humanité. Si elle était infiniment ouverte à Dieu, c’était pour être infiniment ouverte aux hommes.

L’humanité de notre Seigneur était constituée comme le grand foyer de rassemblement, parce qu’elle était pauvre d’elle-même, parce qu’elle était tout entière donnée à Dieu. Cette humanité était capable de rattacher à Dieu toutes nos humanités, de manière à ce que toute l’humanité devienne un seul homme dans sa personne. Vous voyez bien que c’est un mystère qui est dans la ligne même de notre personnalité, puisque notre personnalité, c’est d’être suspendus à l’aimantation divine et d’avoir notre centre en Dieu. Et vous voyez que ce mystère du Christ, ce n’est pas une espèce de transformation de Dieu en homme ou d’un homme en Dieu.

Ce n’est pas une descente matérielle du ciel. Dieu est toujours présent, c’est nous qui sommes absents. Dieu nous donne toujours toute sa lumière, c’est nous qui sommes dans les ténèbres. Et toute l’imperfection de la Révélation dans l’Ancien Testament ne vient pas de Dieu, mais de ce qu’il n’y avait personne d’assez transparent pour communiquer cette lumière en plénitude.

En Jésus-Christ, il y a la plénitude de la lumière. Elle ne pouvait pas passer autrement qu’à travers une humanité qui fût un sacrement vivant de cette présence personnelle que nous ne pouvons transmettre, parce que nous ne sommes pas assez purs.

C’est cela qu’il faut retenir : c’est que Dieu étant la pureté d’un amour sans ombre et sans réserve, il ne pouvait se révéler pleinement que dans une humanité sans ombre, et si les Apôtres n’ont pas compris avant la Pentecôte, c’est qu’ils ne pouvaient comprendre, avant que leur cœur soit consumé par le feu de l’Esprit saint.

C’est uniquement à travers le témoignage des martyrs et des saints que le Christ dans l’Eglise se révèle et garde son vrai visage. Il est parfaitement inutile de discuter sur les textes, parce que Jésus n’est pas un texte, et même l’Evangile écrit est incomplet, parce que Jésus n’a pas pu dire tout ce qu’il aurait voulu dire.

D’ailleurs, n’oublions pas que le Nouveau Testament commence à la mort de Jésus-Christ. C’est sa mort qui est la coupure entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Le Nouveau, ce sera l’Eucharistie, ce sera le feu du Saint-Esprit, ce sera le mystère de l’Eglise.

Pour comprendre Jésus-Christ, il n’y a qu’une seule manière, c’est de le vivre. Dire que Jésus-Christ est Dieu ou n’est pas Dieu, qu’est-ce que cela peut faire ? On a jonglé avec les mots. Jésus-Christ, pour l’atteindre, il faut se dépouiller de soi-même, il faut entrer dans cette pauvreté où l’on rencontre Dieu ; et le Christ, sans cette transparence de l’amour, est une idole, comme Dieu lui-même, et c’est pourquoi c’est uniquement dans la pureté d’une vie vraiment donnée que Jésus-Christ se révélera.

II faut partir du Prologue de saint Jean pour comprendre que l’Incarnation, c’est le mystère d’une humanité qui devient totalement présente à Dieu ; et pourtant cela risque encore de n’être que des mots, et ce n’est rien auprès de la lumière qui ne peut venir que par une vie toute pénétrée de la présence de Jésus-Christ. Nous ne connaîtrons Jésus-Christ que dans la mesure où nous le vivrons.

C’est en entrant dans cette pauvreté totale, en nous laissant toujours plus parfaitement conduire par cette aimantation divine, c’est par-là que nous connaîtrons Jésus-Christ, parce qu’il n’est pas un enseignement, il est une présence, une présence infinie, une présence de lumière, sous sa forme silencieuse, dépouillée, et nous ne pouvons atteindre cette pauvreté infinie que dans le dépouillement de nous-même.

Jésus nous est confié et notre mission, c’est de le représenter. Nous savons que, depuis l’Ascension, Jésus a quitté le plan de l’histoire visible. Seulement, nous ne sommes pas assez purs pour être en contact sensible avec lui, bien qu’il soit en nous, au milieu de nous, au-dedans de nous.

Toujours est-il que, depuis l’Ascension, le Christ ne peut être visible qu’à travers nous. C’est ce qu’il y a de plus bouleversant, de plus magnifique ; que l’Incarnation se continue à travers nous. Tout le mystère de l’Eglise, c’est cela. Par conséquent, chacun de nous est le visage du Christ pour les autres.

Il n’y a pas d’autre chemin vers Dieu que Jésus-Christ, mais il est justement la divinité incarnée, donc visible, et puisque Jésus est invisible, il n’est donc visible qu’a travers nous. Même si nous n’avons pas l’envie d’être parfaits, même si nous sommes fatigués des efforts que nous avons faits, il reste ceci : c’est que le Christ nous a fait crédit, et comme répondait le Padre Pio à un homme qui disait :  » Je ne crois pas en Dieu  » :  » Mais Dieu croit en vous ! »

Vous êtes le Christ des autres. Ils n’ont pas d’autre Christ que vous, parce que c’est uniquement a travers vous qu’ils voient le Christ. Ils chercheront le Christ à travers vous, ils ne pourront l’aimer que dans la mesure où il sera aimable. Et c’est cela qui fait de l’Evangile la Bonne Nouvelle, parce qu’il y a là pour nous l’appel que nous adresse une générosité infinie qui se remet entre nos mains.

Ce n’est rien de faire son salut, ce n’est rien de poursuivre son équilibre et sa perfection. Mais comment résister à ce fait que Dieu n’a pas d’autre révélation possible que nous-même, que nous sommes la seule expression de son visage dans le milieu où nous vivons et que les autres ont le droit de me demander d’être Jésus-Christ : malgré toutes mes fautes, je suis chargé d’être le Christ.

C’est la, je crois, la porte de lumière qui s’ouvre sur le mystère de Jésus : que l’Incarnation se continue à travers nous et que nous sommes chacun le Christ des autres. Saint Augustin le dit :  » Nous n’avons pas seulement été faits chrétiens, nous avons été faits Christ « , et pas seulement Christ pour vivre en union avec lui, mais pour porter aux autres la lumière et la présence du Christ, pour être ce qu’il serait à notre place, pour continuer le geste du Lavement des pieds, pour être donnés, consumés, mangés comme le Christ, pour être la nourriture des autres.

Tout cela tient dans un seul mot : être Jésus. La, nous ne pouvons pas nous tromper. Notre foi trouvera toujours plus ses assises en entrant dans ce mystère, en le vivant et en étant, pour les autres, le visage du Seigneur.

Rien n’est plus beau et rien n’est meilleur que ce crédit infini, que cette identité avec lui-même qu’il accomplit en nous. Voilà toute notre grandeur, et quand nous sommes à bout de forces, il reste toujours que le Seigneur a besoin de nous et que, finalement, nous sommes la seule chance de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Si nous pouvions montrer le Christ en nous, sans en parler, enfin l’heure serait accomplie et le monde serait sauvé.

Demandons à notre Seigneur qu’il saisisse au moins aujourd’hui quelques âmes qui portent son témoignage à fond, et dans notre vie quotidienne essayons de relever à chaque instant notre courage et notre enthousiasme, en pensant que notre Seigneur est remis entre nos mains et que, finalement, il dépend de nous aujourd’hui que le Christ soit reçu, qu’il se fasse chair et qu’il habite parmi nous.