De ce jour lumineux dont vous m’avez fait don,
Ruisselant de soleil, aux lointains horizons
Où le regard se perd, l’âme se renouvelle,
Bleu du lac, bleu du ciel, bleus purs qui se querellent
Voulant être plus bleu encor et plus profond,
De ce jour lumineux, dont vous m’avez fait don,
Il me faut, ô mon Dieu, faire note d’abandon,
Le créer à nouveau, le placer sur les ailes
De ce mystique élan, qui, puissant, m’écartèle
Pour m’élever à vous, tel le vol du faucon.
De ce jour gris, chagrin, où tout me fait défaut,
Où tout est noir souci, vous m’avez fait cadeau.
Le corps se traine las, l’âme se désespère.
Pourtant vous êtes là, vous aimez comme un Père
Ce jour gris et chagrin de l’autre est le jumeau.
Des nuances du gris, je ferai un tableau
Et mon profond chagrin taillera des joyaux.
Il me faut pour cela faire acte de misère :
Vous ne refusez rien aux tristes, pauvres hères,
Ce jour deviendra doux, marqué de votre Sceau.
Ces mystères qu’on croit être des jours d’effroi,
Ce repos qu’on affirme être des jours de roi
Sont vie en devenir, et luttes sur la grève
(avant que d’atteindre l’Infini de nos rêves)
De notre âme soumise à Dieu… ou au Sournois
Qui pour mieux nous tenir nous met sur le pavois.
Le mystère des jours suspendus à la Croix
L’échelle de Jacob en est l’image brève,
Dieu nous offre ses dons et son Amour, sans trêve
Il n’est que de l’aimer dans un Acte de Foi.
Maurice Zundel